La Culpabilité

Tout va bien pour moi alors que d’autres souffrent ! Ils comptaient sur moi, je n’ai pas su les prendre soin d’eux ! j’aurais du … !

Quelle sensation désagréable de ne pas avoir su prendre la bonne décision, de ne pas avoir engagé la bonne action envers quelqu’unOu tout simplement, d’avoir le sentiment de ‘’nous en sortir’’ alors que d’autres autour de nous n’y parviennent pas. Voila ce que nous ressentons lorsque la culpabilité nous ronge.

Et si cette émotion était potentiellement votre alliée ? Et si vous pouviez l’apprivoiser ? En effet, comme toutes les émotions désagréables, celle-ci vous avertit qu’une situation mérite toute votre attention. Car en se manifestant la culpabilité vous pousse à réaliser une autocritique de vos pensées, sentiments ou actions pour vous amener à reconsidérer votre rapport ’’l’autre’’ afin de vous inciter à être plus amical, sincère ou prévenant. Laurent Bègue (professeur de psychologie sociale à l’université Grenoble) écrit même que « ressentir la culpabilité est un signe de bonne santé psychologique car elle nous signale que nous avons mal agi, transgressé nos valeurs, nos principes moraux ».

Culpabilité ?

La culpabilité se manifeste lorsque l’on évalue ce que ‘’l’autre’’ perd dans une situation. On focalise sur les ‘’souffrances’’ de ce dernier en nous reprochant à nous même de ne pas avoir eu le bon mot, le bon comportement. Ce sentiment sera d’autant plus fort que nous aspirions à une certaine harmonie dans nos relations et nos interactions.

Si vous laissez cette émotion s’installer, prendre les commandes vous risquez de générer un stress dommageable. Or, vous savez que ruminer vos pensées ne vous aidera pas à aller mieux. Alors que faire ?

Avant toute chose : ‘’regardez’’ l’émotion pour l’exploiter positivement

Validez cette émotion. Ecoutez ce qu’elle a à vous dire. Analysez les pensées qu’elle génère. Interrogez-vous sur ce qui vous manque. Il est très probable que vous aimiez que l’on ait une bonne image de vous (cela n’a rien de répréhensible !) et que la gestion que vous avez eue de la situation ne le permette pas à première vue. En effet, ce sont nos besoins frustrés qui sont à l’origine de nos émotions désagréables.

« par rapport à quoi, à qui, suis-je en train de ressentir de la culpabilité ? », « qu’est-ce que j’ai fait de ‘’mal’’ ? », « qu’est-ce que j’aurais dû ou pu faire ? », « quel type d’image vais-je renvoyer ? », « de quels reproches vais-je faire l’objet ? », « en quoi serait-ce justifié ? », …

Faites le point sur la situation en question. Quelles difficultés avez-vous eues ? Quelles erreurs avez-vous pu commettre ? Qu’est-ce qui était de la responsabilité de ‘’l’autre’’ ? Qu’est-ce que vous feriez différemment si vous en aviez la possibilité : sur le fond, sur la forme ? Qu’est-ce que vous referiez à l’identique ? Pourquoi ? Ceci fait vous pourrez partager votre travail d’introspection avec ‘’l’autre’’ en question. En agissant ainsi vous exploiterez positivement cette émotion désagréable. Vous pourrez éventuellement présenter vos excuses, demander pardon d’avoir négligé ou blessé l’autre en vous exprimant de manière sincère et affirmée. Vous aurez géré cette émotion en vous appuyant sur sa force qui tout à l’heure encore vous amenait à vous dévaloriser et vous discréditer.

Ça y est, vous avez ‘’amorti’’ cette émotion désagréable et vous l’avez exploitée positivement : bravo ! Cela vous a permis de gérer la situation ‘’difficile’’ à l’origine de votre réaction émotionnelle.   

Et si vous alliez plus loin ? Et si maintenant vous décidiez de rebondir vers une émotion agréable ?  C’est possible (puisque vous l’avez décidé) et en plus, la bonne nouvelle c’est que vous avez au moins les deux options suivantes qui s’offrent à vous !

Un très beau film illustre parfaitement l’exploitation positive de la culpabilité « 7 vies » avec Will Smith :

1ère option : choisissez de voir le verre à moitié plein ! 

Vous pouvez aussi décider de voir les choses différemment. Regardez non plus ce que vous avez enlevé à ‘’l’autre’’ mais ce que vous lui avez donné ! En quoi ce que vous avez fait, ou pas fait,  lui a apporté quelque chose de positif (même si la situation présente des inconvénients pour lui). Qu’a-t-il gagné grâce à vous au final ? Prenez le temps de ce questionnement. Vous avez passé assez de temps à regarder le verre à moitié vide. Il est temps de le voir maintenant à moitié plein vous ne croyez pas ?

Ce faisant, il se pourrait bien que vous ressentiez maintenant cette émotion qui fait tant de bien : la bonté ! Cette émotion agréable qui surgit lorsque nous rendons service aux autres et donnons avec justesse sans rien attendre en retour … pas même leurs remerciements.

2ème option : renversez !

Vous pouvez choisir de renverser*, c’est-à-dire de considérer non plus ce que l’autre a perdu mais ce que vous avez gagné dans la situation. Quel enseignement retenez-vous de la situation que vous avez traversée ? En quoi êtes-vous une meilleure personne maintenant ? Vous pourrez remercier cette épreuve qui vous a fait grandir, vous a permis d’apprendre des conséquences de vos actes, de vos erreurs. Accueillez maintenant l’émotion agréable qui arrive et sentez monter en vous le sentiment de gratitude ? Cette émotion agréable qui surgit lorsque nous remercions ce que la vie nous donne.

* Renverser : terme utilisé dans la théorie du renversement de Michael Apter pour décrire un renversement psychologique, un changement radical de regard sur une situation en passant d’un état mental à son état mental opposé

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